Transformer l’habitat social grâce à l’IA : l’innovation continue
En combinant technologies avancées et approche humaine, l’intelligence artificielle (IA) offre des opportunités nouvelles et constitue un levier d’innovation important pour transformer durablement l’immobilier social. Interview d’Yves Le Meur, Directeur Général d’Aareon France.
L’IA : un levier stratégique pour le logement social
L’intelligence artificielle regroupe des technologies comme l’apprentissage automatique, la vision par ordinateur ou le traitement du langage naturel, qui permettent de traiter des volumes de données massifs et de simuler l'intelligence humaine. Elle se répand progressivement dans tous les secteurs d’activité et ses cas d’usage sont nombreux.
« Le secteur de l’habitat social est parfaitement légitime à exploiter pleinement l’IA », explique Yves Le Meur. « En effet, via leur ERP et leurs logiciels permettant de gérer leurs activités, les bailleurs collectent et traitent une multitude de données : données personnelles, financières, contractuelles, patrimoniales, d’exploitation et de maintenance, etc. »
Qu’elles concernent les locataires, les équipements des bâtiments, ou les interactions locataires-bailleurs, elles constituent un terrain idéal pour les technologies d'intelligence artificielle.
L’intelligence artificielle va ainsi s’intégrer naturellement dans le secteur de l’habitat social en tirant parti de cette multitude de données. La digitalisation croissante du secteur facilite d’ailleurs l'accès à des données en temps réel - telles que celles collectées par des capteurs sur les équipements des bâtiments - ouvrant la voie à des solutions avancées pour mener des actions préventives sur le patrimoine, anticiper les besoins des locataires et optimiser l’organisation en interne.
Les promesses de l’IA pour les bailleurs sociaux
Selon Yves Le Meur, l’IA offre des bénéfices tangibles pour la gestion opérationnelle des bailleurs, qui peuvent se regrouper en 3 grandes catégories :
- Un soutien au quotidien : l’IA va faciliter le traitement des tâches administratives en automatisant une grande partie des tâches répétitives, souvent chronophages - voire en en supprimant certaines - réduisant ainsi la charge de travail pour les équipes et améliorant la productivité et la précision des opérations.
- Un niveau d’automatisation plus important : grâce à l’IA, les bailleurs sociaux vont pouvoir fournir un service plus réactif et personnalisé en automatisant les tâches et en adaptant les réponses en fonction de situations spécifiques. En effet, l’IA va accélérer les délais de traitement tout en maintenant un suivi ultra personnalisé, même dans le cadre de traitements de masse. Cette simplification des processus favorise des gains de productivité, améliorant ainsi la qualité de service et l'expérience des locataires. En fluidifiant les interactions, l’IA contribue à une expérience utilisateur optimisée, tant pour les bailleurs que pour les locataires.
- L’anticipation des besoins et la maintenance préventive : grâce à la connaissance et à l’analyse des données d’exploitation et des cycles de vie des installations, l’IA va permettre de simuler et de prédire les besoins de maintenance, facilitant ainsi une gestion proactive du patrimoine et de ses équipements. En anticipant les pannes ou la fin de vie de certains équipements, les bailleurs sociaux peuvent alors éviter les interruptions et optimiser la qualité de service rendu aux locataires.
Ces trois axes contribuent directement à l’optimisation des processus internes et des pratiques existantes. « L’IA ouvre ainsi la voie à une approche innovante, en permettant aux acteurs de penser différemment leur organisation interne, en améliorant les processus, en développant de nouvelles pratiques et en renforçant la créativité. » souligne Yves Le Meur.
La puissance prédictive que promet l’IA ouvre par ailleurs de nouvelles perspectives au service de la stratégie des bailleurs.
L’IA comme vecteur d’innovation : son application chez Aareon
L'IA joue un rôle clé pour les entreprises technologiques comme Aareon.
Yves Le Meur commente : « Chez Aareon, un programme de formation a été lancé pour permettre à nos équipes techniques d’intégrer l'IA dans leurs tâches quotidiennes, et les premiers résultats montrent déjà une augmentation de leur productivité. Nous avons par exemple équipé les développeurs de solutions d’IA telles que Copilot GitHub, qui permet d’assister le développement en complétant le code, de générer automatiquement des tests unitaires et de la documentation technique et de se corriger. C’est un premier grand pas en avant.
Nous veillons à accompagner nos collaborateurs à intégrer l’IA dans leurs pratiques et nous travaillons bien évidemment sur l’intégration de l’IA au sein de notre offre produits afin d’enrichir nos solutions actuelles et futures et d’apporter toujours plus de valeur ajoutée à nos clients. »
Les efforts portent notamment sur les axes suivants :
- Démultiplier l’automatisation: l'IA va faciliter le traitement automatique de processus en fonction de situations précises, afin de fluidifier les pratiques. Par exemple, elle va pouvoir gérer automatiquement le processus de sortie d’un locataire dès réception du courrier de son congé, ou reconnaitre et classer automatiquement des documents dans une GED (Gestion Electronique de Documents), ou encore établir une réponse type à un courrier reçu.
- Utiliser l’IA conversationnelle : Il s’agit ici d’utiliser les bots d’apprentissage de langage - aussi appelés chatbots ou assistants virtuels - comme une véritable interface avec l’utilisateur final.
Ces outils d’IA, capables de comprendre et de répondre instantanément à des questions posées en langage naturel, peuvent être intégrés au sein des produits afin d’accompagner les utilisateurs dans leurs actions au quotidien et peuvent être utilisés en interne par les collaborateurs, comme en externe pour personnaliser et améliorer la relation client.
- Générer du contenu à la demande : dans la continuité du point précédent, l’IA permet de créer automatiquement des documents, synthèses ou graphiques en réponse à des requêtes formulées en langage naturel. Elle peut également générer en temps réel une documentation en ligne, comme des guides utilisateur, des modes opératoires ou des procédures spécifiques.
- Reconnaissance d’incidents : l’IA va aussi permettre de simplifier la gestion des réclamations en reconnaissant un incident à partir d'une simple photo. Par exemple, si un locataire souhaite signaler un problème de fuite ou de dégradation, il peut le faire en prenant simplement une photo. L'image est alors analysée par un système d'IA qui identifie instantanément le type d'incident et va générer automatiquement une réclamation détaillée et structurée.
- Traiter l’historique: contrairement aux pratiques actuelles, où les données historiques ne sont que rarement utilisées et où l’on se concentre essentiellement sur les nouvelles données, l’IA exploite en continu les données historiques, permettant d’automatiser les saisies et de rationaliser le traitement de l’information. En utilisant cet historique, elle apprend à identifier des modèles récurrents comme des types de formulaires ou de réclamations, et peut ainsi reconnaître et classer les nouveaux documents de manière efficace et cohérente.
« De nombreux cas d'usage sont d’ores et déjà identifiés, et nous comptons renforcer cette approche en collaboration directe avec nos clients pour faire progresser ces innovations. Les perspectives d’évolution des solutions grâce à l’IA sont immenses. » indique Yves Le Meur.
Les perspectives de l’IA dans l’habitat social
La puissance et les progrès rapides de l’IA transforment progressivement tous les secteurs dont celui de l’habitat social, et son accélération laisse entrevoir une révolution des pratiques quotidiennes et une amélioration notable des produits et services.
Comme mentionné plus haut, l’IA va permettre d’optimiser et de simplifier les processus actuels. Au-delà de cet aspect, la numérisation à grande échelle de l’immobilier résidentiel va générer un volume conséquent de nouvelles données. Leur exploitation par l’IA va ouvrir la voie à des solutions innovantes pour anticiper les besoins de tous les acteurs - propriétaires, résidents, fournisseurs, artisans et bailleurs - en facilitant le parcours des locataires, en automatisant une grande partie des tâches, en simplifiant les outils et en améliorant la communication entre toutes les parties prenantes.
« Côté Aareon, le portefeuille produits va s’enrichir de fonctionnalités issues directement de ces technologies afin de simplifier et optimiser l’expérience utilisateur, et d’améliorer la performance globale de nos solutions au service des bailleurs et de leur écosystème. Il y a une multitude de belles opportunités en perspective ! » conclue Yves Le Meur.